La Journée internationale des droits des femmes trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle, en Europe et aux États-Unis, réclamant des meilleures conditions de travail et le droit de vote. Le 8 mars est une journée de rassemblements à travers le monde et l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes et de continuer les combats.

Pour nous, c’est l’occasion de mettre à l’honneur la tatoueuse pionnière la plus connue : Maud Wagner. ♡ 

Droits des femmes, cirques et freaks : la place des exclu.e.s au XXème siècle

Au tournant du XXe siècle, les cirques ambulants séduisaient les spectateurs d’un océan à l’autre. Des animaux dressés, des numéros de trapèze élaborés, des costumes majestueux : c’était le délice du public extasié ; mais ce sont surtout les spectacles de curiosités qui mobilisaient les foules.

Ces spectacles reposaient sur l’exhibition de minorités, dont les personnes ultra tatouées faisaient parties :

« Aux États-Unis, les « side shows » et « freak shows » sont spécialisés dans la présentation de géants, femmes à barbe, géants, hommes singes […]. Tous ces phénomènes se rejoignent dans l’altérité qu’ils offrent au regard, dans l’écart par rapport à une norme. Ils sont donc divertissants pour le grand public, avec un évident sentiment de supériorité, […]. » – Coutelet, N. (2015). Exhibitions et curiosités. Dans : N. Coutelet, Étranges artistes sur la scène des Folies-Bergère

A la fin du XIXème siècle, aux USA, les femmes n’ont encore que très peu de droits. Ce n’est qu’à partir des années 1920, grâce à leurs combats, que les droits des femmes commencent à vraiment évoluer : droit de vote, contraception, avortement, etc.

C’est donc dans un contexte (pré)progressiste que Maud Stevens évolue. Une ère où les droits des femmes sont encore loin d’être reconnus.

Comment Maud Stevens (Wagner) est devenue tatoueuse

Née en 1877 dans le Kansas, Maud débute sa carrière comme artiste de cirque en tant qu’acrobate et contorsionniste. Pendant la Foire Mondiale de St. Louis à laquelle elle participe en 1904, elle rencontre Gus Wagner, globe-trotteur, tatoueur et tatoué. D’après la légende, elle accepte l’invitation de Wagner à un rendez-vous (ou à le suivre en tournée) seulement s’il lui promet de lui apprendre le fascinant art du tattoo.

Maud apprend alors durant plusieurs années la technique du handpoke à ses côtés.

En plus de lui donner des leçons, Gus Wagner décore le corps de son acolyte tellement fréquemment que son corps se retrouve très rapidement couvert de tatouages de la tête aux pieds.

Une femme tatouée à l’époque ? Quelle idée ! Cela renforce son image d’artiste « freak » de cirque, la rendant de plus en plus connue et appréciée pour son originalité (très) loin des standards de l’époque…

De cet apprentissage naissent un mariage et un enfant :  Lotteva, leur fille. Elle prendra en grandissant le chemin ouvert par sa maman pour devenir tatoueuse à son tour.

Après leur mariage, ils décident d’arrêter le cirque en troupe pour se consacrer au tatouage.

Pour gagner leur vie et populariser le tatouage à travers le pays, ils créent un spectacle d’exhibition à deux, dans lequel ils montrent leur corps entièrement tatoué. A la suite de ces représentations, ils proposent leur service en tant que tatoueurs.

Le nom de son mari les rend célèbres, mais cela reste très compliqué pour Maud : la plupart des femmes de la période victorienne se devaient d’être humbles et le tatouage était l’apanage des hommes.

Une femme tatoueuse à l’époque ? Jamais ! Il était encore plus difficile de concevoir qu’une femme puisse tatouer un homme.

Pour pouvoir travailler et gagner sa vie, Maud Wagner devient M. Wagner… Ce nom asexué (voir masculinisé) lui permet de rencontrer les clients, qui finissent par accepter de se faire tatouer par cette artiste hors du commun en voyant la qualité de son travail et son esprit ouvert.

Gus Wagner décède brutalement en 1941, frappé par la foudre. Maud n’abandonne pas pour autant le monde du tatouage. Elle partage son savoir avec sa fille et finalement, elles continuent de tatouer en binôme sous le nom « Wagner ».

Garder en mémoire les noms des femmes pionnières

Malgré la période très conservatrice dans laquelle elle a vécu, cela ne l’a pas empêchée de lutter pour sa passion et de vivre sa vie d’après ses propres règles.

Il y a surement eu des tatoueuses femmes avant Maud, mais elle est l’une des seules dont l’histoire a pu (ou a été) retracée.

Sa mémoire et ses actions ont aidé à paver le chemin d’innombrables femmes qui défendent ses valeurs et détiennent le contrôle de leur corps.

Maud Wagner est décédée à l’âge de 84 ans, en 1961. Son image de femme remarquable restera dans l’histoire, rappelant que les femmes ont lutté, brisé les codes et normes, pour accéder aux différents milieux, métiers, droits, etc. auparavant réservés aux hommes.

Les noms de femmes célèbres, sont rares face aux noms d’hommes célèbres. Pas parce que les femmes aux actions marquantes n’existent pas, mais parce qu’elles ont été ignorées par l’histoire. Il est donc d’autant plus important de conserver et de faire perdurer leurs noms et leurs histoires.

 

Merci à Maud de nous permettre d’avoir dans nos équipes MBA – My Body Art de talentueuses tatoueuses, qui continuent de faire bouger les normes et les modes de pensées ♡

Retrouvez-les dans nos 4 boutiques à Lyon, Villeurbanne, Chambéry et Grenoble !